L’armée turque mène une offensive terrestre et aérienne contre des camps du PKK, le parti des travailleurs kurdes, mouvement armé d’extrême gauche, depuis jeudi 21 février. Entre 2000 et 10000 soldats participeraient à l’opération, épaulés par des chars d’assaut, des hélicoptères et des avions de chasse. Ils seraient confrontés à 3000 à 5000 guerilleros dans les montagnes du nord de l’Irak. Plusieurs de ces camps auraient été détruits à la suite de violents combats qui auraient fait plus de 230 morts côté kurde contre 27 côté turc d’après la Turquie — chiffres contredits par le PKK qui avance respectivement 3 et 90 décès. L’armée autonome du Kurdistan irakien (les peshmergas) n’a pas pris part aux combats pour le moment. Par ailleurs, le parlement kurde réclame la fermeture de quatre bases militaires turques, implantées au Kurdistan irakien depuis 1997 et dédiées à une mission d’observation. Les peshmergas ont reçu l’ordre de bloquer les chars qui tenteraient d’en sortir.
Cette offensive fait suite aux raids aériens qui ont eu lieu fin 2007 (lire l’info du jour du 25 octobre 2007). Elle était attendue, mais plus tard, à la fonte des neiges. L’armée turque a ainsi voulu prendre de court les rebelles kurdes.
Les troupes turques contrôleraient désormais une zone de 25 à 50 kilomètres en territoire irakien. Le gouvernement turc assure qu’il s’agit d’une opération de courte durée ; version contredite par des militaires souhaitant une installation permanente. Aucun calendrier n’a en tout cas été défini.Tout en demandant à la Turquie de respecter les frontières et d’écourter ses opérations, la communauté internationale n’a pas condamné ces attaques. L’Europe et les Etats-Unis considèrent que le PKK est une organisation terroriste.
C’est la première fois depuis onze ans que l’armée turque pénètre dans le kurdistan irakien. Ce regain de tension pourrait affecter toute la région : les kurdes irakiens (au nombre d’environ 5 millions) jouissent d’une autonomie dont voudraient profiter leurs homologues syriens, iraniens et turcs. Le conflit entre le PKK et la Turquie a déjà fait 37 000 morts depuis 1984, année où le PKK s’est engagé dans une lutte pour l’autonomie du sud-ouest de la Turquie.
Mise à jour du vendredi 29 février
L’armée turque s’est retirée vendredi 29 février du territoire irakien. L’offensive aurait fait 27 morts côté turc 240 côté kurdes selon la Turquie, 130 et 5 selon le Kurdistan.
Références
Dépêches
LeMonde.fr avec AFP et Reuters
Le Monde.fr avec AFP
LeMonde.fr avec AFP et Reuters
LeMonde.fr avec AFP et Reuters
LeFigaro.fr avec AFP
Articles
Le Monde : » La Turquie entend poursuivre son offensive dans le nord de l’Irak «
Le Monde : » L’offensive turque contre les rebelles kurdes en Irak s’amplifie «
Le Monde : » Le président américain s’engage à aider Ankara dans sa lutte contre les rebelles kurdes du PKK «
Liberation : » Ankara lance une vaste opération anti-PKK «
Le Figaro : » La Turquie porte le fer contre les Kurdes en Irak «
RFI : » La Turquie veut en finir avec les rebelles du PKK en Irak «
France Culture : La chronique d’Alexandre Adler du 27 février 2008.